« Nous les Protestants sommes des gens indisciplinés.
Voilà, en grande partie, la raison de notre vision spirituelle floue
et de notre sérieux manque de puissance morale. »

Albert Edward Day

cité dans « How to Keep a Spiritual Journal » de Ronald Klug

Le plus grand récepteur radio au monde est situé au Nouveau Mexique.  Les pilotes l’appellent « le champ de champignons ».  Son vrai nom est « Very Large Array » (Très Grand Attirail).  Le « VLA » est une série d’assiettes satellites géantes montées sur trente-huit miles de rails de chemin de fer.  Ensemble, ces satellites forment un télescope de la taille de la ville de Washington, D.C.  Des astronomes du monde entier viennent analyser les images du ciel obtenues par la reconstitution des signaux radio que le VLA reçoit de l’espace.  Pourquoi a-t-on besoin d’un appareil aussi énorme?  Parce que les ondes radio qui ont souvent voyagé des distances de millions d’années lumière sont très faibles.  L’énergie totale de toutes les ondes radio y ayant été enregistrées est à peine égale à la force d’un flocon de neige qui se dépose au sol [1].

Quels efforts les gens investissent pour découvrir un faible signal de l’espace quand Dieu a parlé si clairement par son Fils et par sa Parole!  Ils fouillent la noirceur de l’univers à l’aide des yeux des télescopes et des oreilles du VLA dans l’espoir de trouver une seule parole.  Et pendant tout ce temps, « nous tenons pour d’autant plus certaine la parole prophétique, à laquelle vous faites bien de prêter attention, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour vienne à paraître et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs » (2 Pierre 1.19)

Mais Dieu ne nous a pas seulement parlé clairement et puissamment par son Fils et les Écritures, il a lui aussi une Très Grande Oreille qui est continuellement tournée vers nous.  Il entendra chaque prière de Ses enfants, même quand nos prières seront plus faibles qu’un flocon de neige.  C’est pourquoi, de toutes les disciplines spirituelles [2], la prière n’est devancée en importance que par la lecture de la Parole de Dieu.

La dynamique entre la prière et la lecture de la Parole de Dieu et leur proéminence sur toutes les autres disciplines spirituelles ont été évidentes à travers l’histoire comme le souligne Carl Lundquist :

L’église du Nouveau Testament a développé deux nouvelles disciplines sur la prière et l’étude biblique, le repas du Seigneur et les petits groupes-cellules.  John Wesley s’est concentré sur cinq exercices de piété en ajoutant le jeûne.  Les mystiques médiévaux ont écrit au sujet de neuf disciplines regroupées autour de trois expériences : la purification du péché, l’illumination de l’esprit et l’union à Dieu.  Plus tard, la Convention de Keswick abordait la pratique de la sainteté par cinq exercices religieux.  Aujourd’hui, le livre de Richard Foster, « Celebration of Discipline »[3], dresse une liste de douze disciplines – et chacune d’entre elles est pertinente pour le chrétien contemporain.  Mais peu importe la variété d’exercices religieux que nous puissions pratiquer, sans les deux exercices de base – la prière et la lecture biblique – les autres sont vides et impuissantes. » [4]

Si Lundquist a raison, comme je le crois, une des principales raisons du manque de piété serait donc le manque de prière.

Durant les années 1980, pendant un congrès sur le réveil spirituel, plus de dix-sept mille membres d’une dénomination évangélique majeure ont été interrogés sur leurs habitudes de prière.  À cause du genre de congrès, nous aurions tendance à penser que l’intérêt de ces gens pour la prière est au-dessus de la moyenne.  Pourtant, les sondages ont démontré qu’ils prient en moyenne moins de sept minutes par jour.  Il est très facile de rendre les gens coupables au sujet de leur échec dans la prière mais ce n’est pas le but de ce chapitre.  Nous devons toutefois faire face à la vérité : pour être comme Jésus, nous devons prier.

DIEU S’ATTEND À CE QUE NOUS PRIIONS

Je réalise que dire que nous devons prier fera peut-être grincer des dents à notre génération non-conformiste et anarchiste.  Ceux qui ont été placés sous l’autorité de Christ et de la Bible, par contre, savent que la volonté de Dieu pour nous est de prier.  Et nous croyons également que sa volonté est bonne.

Jésus s’attend à ce que nous priions

N’allez pas penser que la prière est une demande impersonnelle.  Réalisez que c’est bel et bien une personne, le Seigneur Jésus-Christ, avec toute son autorité et tout son amour, qui nous demande de prier :

  • Matthieu 6.5, « Lorsque vous priez… »
  • Matthieu 6.6, « Mais quand tu pries… »
  • Matthieu 6.7 « En priant… »
  • Matthieu 6.9 « Voici donc comment vous devez prier… »
  • Luc 11.9, « Et moi, je vous dis : Demandez…cherchez…frappez… »
  • Luc 18.1, « Jésus leur dit ensuite (…) qu’ils devaient toujours prier… » (Français Courant )

Supposez que Jésus Lui-même vous apparaisse personnellement, tout comme il l’a fait pour l’apôtre Jean sur l’île de Patmos dans Apocalypse 1.  Supposez qu’il vous dise qu’il voudrait que vous priiez.  Ne deviendriez-vous pas plus fidèles dans la prière sachant spécifiquement ce à quoi Jésus attend de vous?  Eh bien, les mots cités plus haut représentent autant sa volonté pour vous que s’il avait prononcé votre nom et qu’il vous les avait dits face à face.

La Parole de Dieu est claire là-dessus

En plus des paroles de Jésus, il est très clair, dans le reste du Nouveau Testament, que Dieu s’attend à ce que nous priions.

Colossiens 4.2, « Persévérez dans la prière.» [5]  Tout le monde se consacre à quelque chose.  Plusieurs d’entre nous se consacrent à plusieurs choses.  Quand vous faites de quelque chose votre priorité, quand vous faites des sacrifices pour elle, quand vous lui consacrez du temps, vous savez que vous y êtes consacrés.  Dieu s’attend à ce que les chrétiens se consacrent à la prière.

I Thessaloniciens 5.17, « Priez sans cesse. »  Bien que « Persévérez dans la prière » mette l’emphase sur la prière en tant qu’activité, « Priez sans cesse » nous rappelle que la prière est aussi une relation.  La prière est, dans un certain sens, l’expression d’une relation saine entre un chrétien et son Père.

Ce verset ne veut donc pas dire qu’il ne faut faire rien d’autre que de prier puisque la Bible s’attend à ce que nous fassions plusieurs autres choses que la prière, incluant des moments de repos où nous ne pouvons pas prier consciemment.  Il veut dire, par contre, que, quand le fait de parler à Dieu et penser à Lui ne peut pas être au premier plan dans notre esprit, cela ne devrait jamais être bien loin.  Nous devrions toujours être prêts à remplacer rapidement ce que nous faisons par la prière.  Vous pouvez comparer « prier sans cesse » à un appel téléphonique avec Dieu : Dieu est sur une ligne pendant que vous acceptez quand même de prendre des appels sur une autre ligne.  Même lorsque vous parlez sur une autre ligne, vous n’oubliez jamais que vous devez ramener votre attention au Seigneur.  Prier sans cesse signifie donc que vous n’arrêtez jamais de converser avec Dieu, vous êtes simplement interrompu fréquemment.

J’aurais pu choisir d’autres passages de la Nouvelle Alliance qui indiquent que Dieu s’attend à ce que nous priions mais ces deux-là sont particulièrement pertinents puisqu’ils sont des ordres directs.  Cela signifie que le manque de temps, la surcharge de responsabilités, le grand nombre d’enfants, le surplus d’ouvrage, le manque de désir, le manque d’expérience, etc., ne sont pas des excuses qui nous déchargent de notre devoir de prier.  Dieu s’attend à ce que chaque chrétien soit consacré à la prière et prie sans cesse.

Homme de prière et réformateur, Martin Luther exprimait de la manière suivante l’attente de Dieu par rapport à la prière : « Tout comme le travail des tailleurs est de faire des vêtements et celui des cordonniers de réparer des chaussures, le travail des chrétiens est de prier. » [6]

Il ne faut cependant pas voir l’ordre de prier seulement comme une commande divine mais aussi comme une invitation royale.  Comme l’écrit l’auteur de l’Épître aux Hébreux, « Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus dans nos besoins. » (Hébreux 4.16).  Nous pouvons être pessimistes par rapport à la prière et ne la voir que comme une obligation ou nous pouvons être optimistes et voir la commande de prier comme une occasion de recevoir la miséricorde et la grâce de Dieu.

Ma femme Caffy s’attend à ce que je lui téléphone quand je voyage.  Mais son attente provient de son amour.  Elle s’attend à ce que je l’appelle parce qu’elle veut avoir de mes nouvelles.  L’attente de Dieu envers nous est de cette même nature.  Son commandement de prier est le fruit de son amour.  Dans son amour, il désire communiquer avec nous et nous bénir.

Dieu s’attend à ce que nous priions tout comme le général s’attend à des nouvelles de la part de ses soldats qui sont au front.  Un auteur nous rappelle que « la prière est comme un ‘walkie-talkie’ pour la guerre, pas un interphone de maison installé pour nous accommoder et améliorer notre confort » [7].  Dieu s’attend à ce que nous utilisions le walkie-talkie de la prière parce que c’est non seulement une arme pour développer la piété mais aussi celle qu’il a établie pour la guerre spirituelle entre Son Royaume et celui de son Ennemi.  Abandonner la prière signifie, au mieux, que nous combattons par nos propres moyens et, au pire, que nous avons perdu tout intérêt dans cette guerre.

Nous savons au moins ceci : Jésus priait.  Luc nous dit que Jésus « se retirait dans les déserts, et priait. » (Luc 5.16).  Si Jésus avait besoin de prier, combien plus devons-nous prier?  La prière est attendue de notre part parce que nous en avons besoin.  Nous ne serons jamais comme Jésus si nous ne prions pas.

Pourquoi, dans ce cas, est-ce que tant de croyants confessent ne pas prier comme ils le devraient?  Parfois le problème est tout simplement un manque de discipline : on ne planifie jamais de prier, aucun temps n’est réservé à la prière.  Malgré le fait qu’on affirme que la prière est une priorité, dans les faits elle est toujours exclue au profit des choses plus urgentes.

Souvent nous ne prions pas parce que nous ne croyons pas que ça pourrait changer quoi que ce soit.  Bien sûr, nous ne l’admettrons jamais publiquement.  Mais si nous étions certains d’être exaucés dans les soixante secondes à chaque fois que nous prononçons une prière, il y aurait des trous dans les genoux de tous les pantalons de chaque chrétien au monde!  Évidemment, la Bible ne nous promet rien de semblable, même si Dieu promet vraiment de répondre à la prière.  La prière implique une communication avec le monde spirituel.  Plusieurs prières sont exaucées de façons qui ne peuvent pas être vues dans le monde matériel.  Plusieurs prières sont exaucées de manières qui diffèrent de notre demande initiale.  Pour toutes sortes de raisons, quand nous ouvrons les yeux à la fin d’une prière, nous ne voyons pas toujours une réponse tangible.  Si nous ne sommes pas vigilants, nous serons tentés de douter de la puissance que Dieu manifeste à travers la prière.

L’impression de ne pas sentir que Dieu est proche peut aussi nous décourager de prier.  Il y a ces merveilleux moments où Dieu semble si près que nous nous attendons presque à entendre sa voix.  Dans de tels moments d’intimité avec Dieu, personne n’a besoin d’être encouragé à prier.  La plupart du temps, par contre, nous ne nous sentons pas comme ça.  En fait, il y a des fois où nous ne sentons pas du tout la présence de Dieu.  Même s’il est vrai que notre vie de prière (comme chaque aspect de notre vie chrétienne) devrait être guidée par la vérité des Écritures plutôt que par nos sentiments, il n’en reste pas moins que notre fragilité émotive gruge souvent notre désir de prier.  Et quand notre désir de prier est affaibli, nous pouvons facilement nous trouver plusieurs autres choses à faire.

Lorsque nous ne sommes pas vraiment conscients de la réalité d’un besoin, nous ne prions pas vraiment.  Certaines circonstances nous poussent à genoux.  Mais il y a ces périodes où la vie semble très tolérable.  Même si Jésus a dit « sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15.5), cette vérité nous frappe plus à certains moments qu’à d’autres.  Nous pouvons passer plusieurs jours dans notre orgueil et notre auto-suffisance, comme si la prière n’était nécessaire que lorsque quelque chose de trop difficile nous arrive.  Tant que nous ne réaliserons pas le danger et la folie de cette attitude, l’attente de Dieu par rapport à la prière nous semblera manquer d’à-propos.

Quand notre connaissance de la grandeur de Dieu et de l’Évangile est faible, nos vies de prière sont faibles.  Moins nous réfléchissons à la nature et au caractère de Dieu, moins nous contemplons ce que Christ a accompli pour nous à la croix, moins nous désirerons prier.  Pendant que je conduisais aujourd’hui, j’ai entendu à la radio un astrophysicien qui décrivait les milliards de galaxies de l’univers.  Après seulement un court moment de méditation à ce sujet, j’étais automatiquement en train de louer et de prier Dieu.  Pourquoi?  Parce que je redécouvrais une fois de plus combien Dieu est vraiment grand.  Et quand je pense à ce dont Christ m’a délivré, quand je me rappelle la honte qu’il a portée volontairement pour mon bien, quand je contemple tout ce que le salut implique, prier est très facile.  Quand ce genre de réflexion est rare, la vraie prière est rare.

Une autre raison pour laquelle les chrétiens prient si peu est qu’ils n’ont jamais appris à le faire.

LA PRIÈRE S’APPREND

Si vous ne savez pas comment bien prier et que l’ordre de prier vous décourage, le fait que la prière s’apprend devrait vous encourager.  Cela signifie que l’on a raison de penser que l’on peut commencer la vie chrétienne sans connaissance ni expérience de la prière.  Peu importe la faiblesse ou la force de votre vie de prière aujourd’hui, vous pouvez l’affermir davantage.

D’une certaine façon, l’enfant de Dieu n’a pas plus besoin d’apprendre à prier qu’un bébé doit apprendre à pleurer.  Mais de pleurer pour ses besoins primaires est une façon très primitive de communiquer et on doit un jour quitter l’enfance.  La Bible dit que nous devons prier pour la gloire de Dieu, selon sa volonté, par la foi, au nom de Jésus, avec persévérance, etc.  Un enfant de Dieu apprend graduellement à prier de cette manière tout comme l’enfant qui se développe apprend à parler.  Pour prier comme il faut, pour prier comme des chrétiens matures, pour prier efficacement, nous devons dire avec les disciples dans Luc 11;1, « Seigneur, enseigne-nous à prier. »

En priant

Si vous avez déjà appris une deuxième langue, vous savez que la meilleure façon de l’apprendre est d’avoir à l’utiliser.  La même chose est vraie de la « langue étrangère » qu’est la prière.  Il existe plusieurs bonnes ressources pour apprendre à prier mais la meilleure manière d’apprendre à prier est de prier.

Andrew Murray,  pasteur d’Afrique du Sud et auteur du livre With Christ in the School of Prayer [8], a écrit « Lire un livre sur la prière, écouter des conférences sur le sujet et en parler sont des activités très honorables, mais qui ne vous enseigneront pas comment prier.  Vous n’atteindrez jamais rien sans exercice, sans pratique.  Je peux écouter la merveilleuse musique d’un professeur de musique pendant un an mais ça ne m’enseignera jamais à jouer d’un instrument. » [9]

Le Saint-Esprit enseigne aux gens à mieux prier.  C’est une des applications de Jean 16.13 où Jésus a dit « Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité ».  Tout comme un avion est plus facile à diriger une fois qu’il est dans les airs que lorsqu’il est au sol avec son moteur éteint, le Saint-Esprit peut mieux nous guider à prier quand nous sommes élevés dans la prière que quand nous ne le sommes pas.

En méditant sur les Écritures

C’est un des concepts les plus intéressants que je n’aie jamais appris sur la prière.  La méditation est le chaînon manquant entre la lecture de la Bible et la prière.  Les deux sont souvent séparés alors qu’ils devraient être joints.  Nous lisons la Bible, la fermons, et ensuite nous essayons « d’embrayer » en prière.  Mais, trop souvent, il semble que la transition entre les deux se fait très mal.  Après avoir été de l’avant dans notre lecture de la Parole, embrayer en mode prière nous semble être un retour soudain au point mort ou pire, en marche arrière.  Il devrait plutôt y avoir une transition douce et presque imperceptible entre l’ingestion de la Parole et l’expression de la prière de façon à nous approcher plus près de Dieu dans ces moments.  Cela arrive quand la méditation fait le lien entre les deux.

Au moins deux passages des Écritures nous enseignent clairement sur ce sujet par l’exemple.  Dans le Psaume 5.2, David a prié « Prête l’oreille à mes paroles, ô Éternel!  Écoute mes gémissements! »  Le mot hébreu rendu par « gémissements » peut aussi être traduit par « méditation ».  En fait, le même mot est utilisé dans ce sens dans un autre passage, le Psaume 19.15 : « Reçois favorablement les paroles de ma bouche et les sentiments de mon cœur, ô Éternel mon rocher et mon rédempteur. »  Remarquez que les deux versets sont des prières et que les deux réfèrent à des « paroles » dites en prière.  Cependant, dans les deux cas, la méditation a été le catalyseur qui a catapulté David de la vérité de Dieu à la conversation avec Dieu.  En 5.1, il avait médité et demandait maintenant au Seigneur de lui prêter l’oreille et de le considérer.  Au Psaume 19, nous trouvons une des déclarations les plus connues qui soit sur les Écritures, commençant par les mots familiers du verset 8 « La loi de l’Éternel est parfaite, elle restaure l’âme ».  Cette section continue jusqu’au verset 12 où David prie à la suite de ces paroles et de sa méditation.

Ça « fonctionne » ainsi : après avoir lu un passage des Écritures, la méditation nous permet de prendre ce que Dieu nous a dit et d’y réfléchir profondément, de le digérer, et d’en parler à Dieu dans la prière.  Par conséquent, nous prions au sujet de ce que nous avons rencontré dans la Bible et que nous avons personnalisé par la méditation.  Non seulement nous avons alors quelque chose de substantiel à dire dans notre prière et nous avons confiance d’élever vers Dieu ses propres pensées allant ainsi, graduellement, vers une prière plus fervente pour ce que nous prions.  Ensuite, lorsque nous continuons à prier, nous ne sommes pas au ralenti ou au point mort puisque nous gagnons déjà un certain élan spirituel.

Ceux qui semblent avoir le mieux maîtrisé ce secret sont les Puritains anglais qui ont vécu entre 1550 et 1700.  Permettez-moi de citer plusieurs écrivains puritains, non pas seulement pour démontrer comment le rapport entre la méditation et la prière était alors commun parmi eux et si rare maintenant mais aussi pour ancrer solidement cette vérité dans notre vie de prière.  Il y a beaucoup de choses à retenir dans cette collection de « clous » bien plantés [10].

Richard Baxter, pasteur et auteur du classique qui est toujours imprimé aujourd’hui, The Reformed Pastor (Le Pasteur Réformé), écrit :

Par conséquent, dans nos méditations, un mélange de monologue et de prière, en s’adressant tantôt à notre cœur, tantôt à Dieu, est à mon avis l’échelon le plus haut que nous puissions gravir dans cet effort divin.  Ne nous imaginons pas que nous pourrons réussir aussi bien avec la prière seule sans l’aide de la méditation parce qu’elles sont deux tâches distinctes qui doivent toutes deux être accomplies.  Nous avons besoin de l’une aussi bien que de l’autre et nous nous faisons tort si nous négligeons l’une ou l’autre.  De plus, le mélange des deux, comme de la musique, sera plus attirant, l’une vivifiant l’autre.  Notre conversation avec nous-même devrait donc précéder notre conversation avec Dieu [11].

John Owen, aumônier d’Olivier Cromwell et le plus grand théologien puritain, a dit « Prie comme tu penses.  De tout ton cœur, étreint consciemment chaque reflet de lumière et de vérité qui te viennent à l’esprit.  Remercie Dieu et prie-Le au sujet de tout ce qui te frappe avec force. » [12]

Le pasteur puritain et commentateur de la Bible Matthew Henry a remarqué à propos du Psaume 19.15 « Les prières de David n’étaient pas seulement ses paroles mais aussi ses méditations; comme la méditation est la meilleure préparation pour la prière, la prière est le meilleur résultat de la méditation.  La méditation et la prière vont ensemble. » [13]

Un des écrivains-prédicateurs puritains les plus prolifiques était Thomas Manton.  Dans un message sur la méditation d’Isaac dans les champs (voir Genèse 24.63), il établit un lien direct entre la lecture de la Bible et la prière.  Il écrit :

La méditation est une sorte de tâche intermédiaire entre la parole et la prière et est parente avec les deux.  La parole nourrit la méditation et la méditation nourrit la prière.  Ces devoirs doivent continuellement fonctionner ensemble, la méditation doit suivre l’écoute et précéder la prière.  Entendre et ne pas méditer ne portera pas de fruit.  Nous pouvons entendre et entendre mais c’est comme de mettre quelque chose dans un sac percé (…).  C’est téméraire de prier sans méditer.  Ce que nous ingérons par la parole, nous le digérons par la méditation et nous l’exprimons par la prière.  Ces trois devoirs doivent être ordonnés de façon à ce qu’aucun ne bouscule les autres.  Les hommes sont stériles, secs et sans sève dans leurs prières parce qu’ils ne s’exercent pas aux pensées saintes. [14]

William Bates, appelé « le plus classique et le plus cultivé des derniers prédicateurs puritains », a dit « Pourquoi nos désirs comme une flèche lancée par un arc faible manquent-ils la cible?  Seulement pour la raison suivante : nous ne méditons pas avant de prier (…).  La principale raison expliquant l’inefficacité de nos prières est le fait que nous ne méditons pas d’abord. » [15]        

Les meilleurs écrits pratiques des Puritains sont nés de la plume de William Bridge.  Il affirme ceci au sujet de la méditation :

Elle est la sœur de la lecture en même temps que la mère de la prière.  Même si le cœur d’un homme n’est pas disposé à prier, s’il peut entrer dans la méditation de Dieu et des choses de Dieu, son cœur se tournera bientôt vers la prière (…).  Commencez par lire ou entendre (la parole de Dieu).  Poursuivez dans la méditation; finissez dans la prière (…).  La lecture sans méditation est sans fruit; la méditation sans lecture est dommageable; méditer et lire sans prier est sans bénédiction. [16]

L’écrivain anglais moderne, Peter Toon, dans son livre From Mind to Heart (De la tête au cœur) résume de la manière suivante l’enseignement puritain sur le sujet :

Lire la Bible sans méditer était perçu comme un exercice inutile : il valait mieux lire un seul chapitre et méditer par la suite que de lire plusieurs chapitres sans méditer.  De la même manière, méditer sans prier était comme de se préparer à courir une course sans jamais quitter la ligne de départ.  Ces trois devoir de lire les Écritures, de méditer et de prier étaient faits pour être ensemble et, même s’ils pouvaient être accomplis individuellement en tant que devoirs formels devant Dieu ils étaient plus efficaces lorsque consommés ensemble. [17]

À peu près deux cent ans après les Puritains est venu l’homme reconnu pour avoir été l’homme de prière le plus béni de Dieu que le monde ait connu, George Muller.  Pendant les deux-tiers du siècle dernier[18], il a dirigé un orphelinat à Bristol en Angleterre.  Par nul autre moyen que la prière et la foi, sans publier ses besoins ni contracter de dette, il s’est occupé de nombreux orphelins, jusqu’à deux mille à un moment donné, et a supporté un travail missionnaire mondial.  Des millions de dollars non-sollicités sont passés par ses mains et la compilation écrite de ses dizaines de milliers de prières exaucées est légendaire.

Quiconque ayant entendu l’histoire de George Muller se demande le secret de l’efficacité de ses prières.  Même si certains disent que ceci est le « secret » de Muller et que d’autres soutiennent que c’est plutôt cela, je crois que nous devons ultimement attribuer sa vie de prière exceptionnellement efficace à la souveraineté de Dieu.  Mais si nous cherchons quelque chose qui pourrait se transférer de sa vie aux nôtres, je voterais pour quelque chose que je n’ai jamais entendu être décrit comme son « secret ».

Au printemps 1841, George Muller a fait une découverte concernant la relation entre la méditation et la prière qui a transformé sa vie spirituelle.  Il décrit sa nouvelle perspective comme ceci :

Jusque là, j’avais l’habitude depuis au moins dix ans de prier tout de suite après m’être habillé le matin.  Maintenant, je comprenais que la chose la plus importante était de m’adonner à la lecture de la Parole de Dieu et de la méditer pour que mon cœur puisse être réconforté, encouragé, averti, repris, instruit et que, par la Parole de Dieu, pendant que je la méditais, mon cœur puisse être amené à goûter une communion intime avec le Seigneur.

Je commençai donc à méditer sur le Nouveau Testament dès le départ, tôt le matin.  La première chose que je faisais, après avoir demandé en quelques mots la bénédiction du Seigneur sur sa précieuse Parole, était de commencer à méditer sur la Parole de Dieu, cherchant à trouver des bénédictions dans chaque verset, pas dans le but de prêcher sur ce que j’avais médité mais dans le but de trouver de la nourriture pour ma propre âme.

J’ai trouvé que le résultat était presque invariablement le même.  Après quelques minutes, mon âme était conduite à la confession, à l’action de grâces, à l’intercession ou à la supplication.  De cette façon, je ne m’adonnais pas à la prière, à proprement parler, mais à la méditation qui, toutefois, devenait presque immédiatement ni plus ni moins que prière.  Quand j’ai passé de la sorte un moment dans la confession, l’intercession, la supplication ou l’action de grâces, je passe au mot ou au verset suivant transformant tout, au fur et à mesure, en prière pour moi-même ou pour les autres selon la direction de la Parole mais restant continuellement conscient que l’objet de ma méditation est de nourrir ma propre âme.  Le résultat de cette démarche est qu’il y a toujours une bonne partie de confession, d’action de grâces, de supplication ou d’intercession entremêlés dans ma méditation et que mon être intérieur est presque toujours sensiblement nourri et fortifié.  Ce qui fait qu’au déjeuner, avec de rares exceptions, j’ai la paix au cœur quand ce n’est pas de la joie.

Voici donc la différence entre ma vieille habitude et la présente : avant, quand je me réveillais, je commençais à prier aussi tôt que possible.  Je passais tout mon temps ou presque tout mon temps en prière jusqu’au déjeuner.  De toute façon, je commençais presque toujours par la prière (…).  Mais quel était le résultat?  Je passais souvent un quart d’heure, une demi-heure ou même une heure à genoux avant d’être conscient d’avoir obtenu réconfort, encouragement, humilité d’âme, etc.  Souvent, après avoir beaucoup souffert du vagabondage de mon esprit pendant les dix premières minutes, parfois un quart d’heure, parfois même une demi-heure, je ne faisais que commencer à vraiment prier.

Ça ne m’arrive presque jamais maintenant.  Une fois mon cœur nourri par la vérité, transporté dans une communion vivante avec Dieu, je parle à mon Père et mon Ami (bien que j’en sois indigne, vil comme je suis) des choses qu’il m’a présentées dans sa précieuse Parole.  Je me surprends souvent de ne pas avoir compris cela avant (…).  Et maintenant, toutefois, depuis que Dieu m’a enseigné sur ce point, c’est très clair pour moi que la première chose que l’enfant de Dieu doit faire à chaque matin est de nourrir son être intérieur.

Quelle est la nourriture de l’être intérieur?  Pas la prière mais la Parole de Dieu.  Il ne faut pas seulement lire la Parole de Dieu de façon à ce quelle ne fasse que passer dans nos esprits comme de l’eau dans un tuyau mais, en considérant ce que nous lisons, y réfléchir et l’appliquer à nos cœurs.

Quand nous prions, nous parlons à Dieu.  Maintenant, prier pour un certain laps de temps sans tomber dans le formalisme demande généralement une bonne mesure de force ou de désir divin.  Le moment ou cet exercice de l’esprit sera donc le plus efficace est après avoir nourri notre être intérieur par la méditation de la Parole de Dieu où nous rencontrons notre Père qui nous parle pour nous encourager, nous réconforter, nous instruire, nous humilier, nous corriger.  Nous pouvons donc profiter de la méditation avec la bénédiction de Dieu malgré notre faiblesse spirituelle; ou plutôt, plus nous sommes faibles, plus nous avons besoin de la méditation pour fortifier notre être intérieur.  De cette façon, nous craindrons beaucoup moins notre esprit vagabond que si nous nous adonnons à la prière sans avoir pris le temps de méditer auparavant.

J’insiste autant sur ce point à cause du si grand avantage spirituel et du rafraîchissement qu’il m’a procuré.  Et je veux affectueusement et solennellement exhorter mes frères et mes sœurs croyants à réfléchir sur ces choses.  Par la bénédiction de Dieu, c’est à cette approche que j’attribue l’aide et la force que j’ai reçues de Dieu pour passer paisiblement à travers des épreuves plus importantes de plusieurs manières que je n’aie jamais eues à vivre.  Ayant essayé cette approche depuis plus de quatorze ans, je peux pleinement, avec crainte de Dieu, fortement la recommander. [19]

Comment apprendre à prier?  Comment apprendre à prier comme David, les Puritains et George Muller?  On apprend à prier en méditant les Écritures parce que la méditation est le chaînon manquant entre l’ingestion de la Bible et la prière.

En priant avec d’autres

Les disciples ont appris à prier non seulement en écoutant Jésus enseigner sur la prière mais aussi en étant avec lui quand il priait.  N’oublions pas que les mots « Seigneur, enseigne-nous à prier » n’ont pas été prononcés par hasard.  Cette demande a été faite après un moment où les disciples avaient accompagné Jésus dans la prière (Luc 11.1).  De la même manière, nous pouvons apprendre à prier en priant avec d’autres personnes qui peuvent nous donner l’exemple d’une vraie prière.

Je ne veux pas dire seulement apprendre des nouveaux mots ou de nouvelles expressions à utiliser dans nos prières.  Comme à chaque fois que nous apprenons par l’exemple, nous pouvons tout aussi bien acquérir de mauvaises habitudes que des bonnes.  J’ai entendu des gens qui semblent ne jamais prier une prière originale.  À chaque fois qu’ils prient, ils répètent les mêmes choses.  Il est évident qu’ils ne font que répéter de belles phrases cueillies ici et là comme des fruits, au fil des ans, dans les prières des autres.  Jésus a dit « ne multipliez pas de vaines paroles » (Matthieu 6.7) [20].  Ce genre de prière vient rarement du cœur.  On ne s’adresse pas à Dieu comme à un auditoire.  En réalité, ces prières sont offertes pour impressionner les gens qui les écoutent.

Il y a toujours des croyants qui peuvent nous enseigner beaucoup lorsque nous prions avec eux.  Cependant, nous prions avec eux pour apprendre des principes sur la prière et non de nouvelles expressions.  Un frère va peut-être donner une raison biblique au Seigneur qui justifie pourquoi sa prière devrait être exaucée.  Un autre nous enseignera peut-être comment prier un passage des Écritures.  En priant avec un fidèle intercesseur nous apprendrons peut-être comment prier pour les missions.  Prier régulièrement avec d’autres peut devenir l’aventure la plus enrichissante de votre vie chrétienne.  La plupart des grands « mouvements » de Dieu ont commencé par des petits groupes qu’il a appelés à la prière.

 

 

En lisant sur la prière

Lire sur la prière au lieu de prier est simplement inacceptable.  Cependant, lire sur la prière en plus de prier peut être une façon précieuse d’apprendre.  « Le fer aiguise le fer », dit Proverbes 27.17, « le contact avec autrui affine l’esprit de l’homme. » [21]  Lisez les leçons apprises par les « vétérans des tranchées de la prière » et laissez-les aiguiser vos armes pour le combat de la prière.  « Celui qui fréquente les sages devient sage », enseigne Proverbes 13.20.  Lire les livres écrits par des hommes sages et des femmes de prière nous donne le privilège de les « fréquenter » et d’apprendre d’eux les leçons que Dieu leur a données sur la prière.

Nous savons par expérience que d’autres peuvent voir des choses dans un passage des Écritures que nous ne pouvons pas voir ou qu’ils peuvent expliquer une doctrine que nous connaissons d’une manière nouvelle qui améliore la compréhension que nous en avions.  De la même façon, lire ce que les autres ont appris sur la prière de par leur étude des Écritures et leur pèlerinage dans la grâce peut être un instrument pour que Dieu nous enseigne des choses que nous n’aurions pu apprendre autrement.  Qui n’a pas appris à prier avec foi en lisant sur la vie de prière de George Muller ou qui n’a pas été motivé à prier après avoir lu la biographie de David Brainerd?  Espérons que la lecture de ce chapitre sur la discipline de la prière vous convaincra que vous pouvez apprendre à prier en lisant sur la prière!

Laissez-moi ajouter un mot d’encouragement.  Peu importe que la prière soit difficile pour vous aujourd’hui, si vous persévérez à apprendre comment prier, vous aurez toujours l’espoir d’avoir une vie de prière de plus en plus forte et fructueuse.

LA PRIÈRE EST EXAUCÉE

J’aime la façon dont David s’adresse au Seigneur dans le Psaume 65.3 : « Ô toi, qui écoutes la prière! »

Il n’y a probablement aucun principe sur la prière que l’on prend plus pour acquis que celui-ci : la prière est exaucée.  Essayez de lire cette promesse de Jésus comme si c’était la première fois : « Demandez, et l’on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l’on vous ouvrira.  Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l’on ouvre à celui qui frappe. » (Matthieu 7.7-8).

Andrew Murray fait ce commentaire audacieux mais que je crois juste au sujet de l’engagement de Christ :

« Demandez et vous recevrez; tous ceux qui demandent reçoivent. »  C’est la loi immuable du royaume : si vous demandez et ne recevez pas, il doit y avoir quelque chose de défectueux ou qui manque dans votre prière.  Tenez bon; laissez la Parole et l’Esprit vous enseigner à prier correctement mais ne perdez pas la confiance qu’il cherche à susciter : quiconque demande reçoit (…).  Que chaque étudiant à l’école de Christ accepte donc les mots du Maître dans toute leur simplicité (…).  Faisons attention de ne pas affaiblir la Parole avec notre raisonnement humain. [22]

Puisque Dieu exauce la prière, quand nous « demandons et ne recevons pas » nous devons considérer la possibilité qu’il y a « quelque chose de défectueux ou qui manque » dans notre prière.  N’oublions pas que c’est peut-être que Dieu a répondu mais d’une manière qui ne nous est pas évidente.  Et il est possible que rien ne soit défectueux dans notre prière mais que nous n’ayons pas encore vu la réponse simplement parce que Dieu veut que nous persévérions un peu plus longtemps dans la prière sur ce sujet.  Mais nous devons aussi apprendre à examiner nos prières.  Demandons-nous des choses qui sont en dehors de la volonté de Dieu ou qui ne Le glorifieraient pas?  Prions-nous avec des motifs égoïstes?  Manquons-nous de délaisser les péchés évidents qui feraient en sorte que Dieu mette toutes nos prières en suspend?  En dépit de ce que nous observons en réponse à nos prières, ne devenons cependant pas si habitués à la faillite et à la perception que nous demandons sans recevoir que notre foi dans la promesse de Jésus en soit diminuée.  La prière est exaucée.

Ma femme Caffy exerce son travail d’artiste et d’illustratrice pigiste dans un petit studio dans notre maison.  Même si elle a produit des centaines d’illustrations pour toute une variété d’organisations chrétiennes, tous ses engagements se font sur une base occasionnelle.  Nous prions fréquemment pour que le Seigneur lui donne du travail.  Récemment, parce qu’elle n’avait aucun projet sur la planche à dessin, je lui ai proposé que nous commencions à prier pour demander de nouveaux projets.  Avant le dîner, le lendemain même, Caffy m’a téléphoné pour me dire : « S’il te plaît, arrête de prier pour que le Seigneur me donne de l’ouvrage!  J’ai reçu tellement de demandes ce matin que ça me prendra des mois pour tout accomplir! »  Elle n’avait jamais obtenu autant de travail aussi rapidement.  Il y avait une foule de choses pour lesquelles j’avais prié (pas seulement pour moi mais aussi pour l’église et pour d’autres) que le Seigneur aurait pu choisir d’exaucer.  Je ne sais pas pourquoi il a décidé d’exaucer cette demande en particulier.  Est-ce que tout ce travail était vraiment une réponse à la prière ou juste une série de coïncidences providentielles?  Seulement Dieu le sait vraiment.  Mais je suis d’accord avec l’homme qui a dit « Si ce sont des coïncidences, j’ai assurément beaucoup plus de coïncidences quand je prie que quand je ne prie pas. »

Dieu ne se moque pas de nous avec cette promesse de répondre à la prière.  C.H. Spurgeon a dit,

Je ne peux pas imaginer l’un de vous en train d’agacer votre enfant en provoquant chez lui un désir que vous n’avez pas l’intention de combler.  Ce serait très mesquin de faire une offrande à un pauvre et, quand il tend la main, se moquer de sa pauvreté en refusant de lui donner.  Ce serait un ajout cruel à la misère des pauvres si on les emmenait à l’hôpital seulement pour les y laisser mourir sans soins.  Quand Dieu te pousse à prier pour quelque chose, il veut que tu reçoives.[23]

Par les passages des Écritures traitant de la prière et par son Esprit, Dieu nous pousse bel et bien à prier.  Il ne nous pousse pas à prier dans le but de nous frustrer en nous claquant la porte du Ciel au nez.  Disciplinons-nous à prier et à apprendre sur la prière pour que nous puissions ressembler de plus en plus à Jésus en goûtant à la joie de la prière exaucée.

PLUS D’APPLICATIONS

Puisque Dieu s’attend à ce que nous priions, allez-vous prier?  Je vous mets directement au défi parce que je pense que nous devons prendre des décisions conscientes au sujet de notre vie de prière.  C’est le temps de transformer nos vagues intentions sur la prière en plans spécifiques.  Un pasteur qui est d’accord avec cela écrit ce qui suit :

À moins que je ne me trompe carrément, une des principales raisons pour lesquelles tant d’enfants de Dieu n’ont pas une vie de prière digne de ce nom n’est pas surtout parce qu’ils ne le veulent pas mais parce qu’ils ne le planifient pas.  Si vous voulez prendre des vacances de quatre semaines, vous ne vous levez pas un bon matin en disant « Eh!  Partons aujourd’hui! »  Vous n’aurez rien de prêt.  Vous ne saurez pas où aller.  Rien n’aura été planifié.  C’est pourtant la manière dont plusieurs d’entre nous traitent la prière.  Nous nous levons, jour après jour, réalisant que des moments de prière devraient faire partie de notre vie mais rien n’est jamais prêt.  Nous ne savons pas où aller.  Rien n’a été planifié.  Pas de temps.  Pas de destination.  Pas de méthode.  Et chacun sait bien que l’absence de planification ne mènera pas à un débordement merveilleux de prière profonde et spontanée.  Sans plan, la routine prévaut.  Si vous ne planifiez pas vos vacances, vous resterez probablement à la maison à regarder la télévision.  Le flot naturel, non-planifié, de la vie spirituelle atteint la marée basse de sa vitalité.  Il y a une course à courir et une guerre à combattre.  Si vous voulez un réveil dans votre vie de prière vous devez le planifier pour le voir arriver. » [24]

Pour atteindre la piété, voulez-vous prier?  Aujourd’hui?  Voulez-vous prévoir de prier demain?  Les jours qui suivront?

Puisque la prière s’apprend, apprendrez-vous à prier?  Apprendre plus sur la prière aide souvent à améliorer votre vie de prière.  Cependant, tout comme la pratique de la prière, apprendre à prier demande aussi une certaine planification.  Apprendrez-vous à prier en joignant votre lecture biblique à votre prière par la méditation?  Avez-vous un plan pour prier pour les autres?  Êtes-vous prêt à apprendre plus sur la prière par la lecture?  Que lirez-vous?  Il y a une abondance de livres sur le sujet, tout comme pour les biographies des grands soldats de la prière.  En plus de considérer certaines des sources citées dans ce chapitre, consultez votre pasteur ou votre libraire chrétien pour recevoir des recommandations.  Maintenant, quand allez-vous commencer?

Puisque Dieu répond à la prière, allez-vous prier avec persévérance?  Rappelez-vous que les mots demandez, cherchez et frappez de Matthieu 7.7-8 sont, dans la langue originale du texte, conjugués au présent continu.  Cela veut dire que nous devons souvent prier avec persévérance avant de voir les réponses arriver.  Dès le début de Luc 18.1, Jésus nous raconte une parabole « pour [nous] montrer qu’il [nous] faut toujours prier, et ne point [nous] relâcher. »  Parfois, notre manque de persistance dans la prière ne fait que prouver que, dès le départ, nous n’étions pas sérieux à propos de notre requête.  À d’autres moments, Dieu veut que nous persévérions dans la prière dans le but de fortifier notre foi en Lui.  La foi ne grandirait jamais si toutes les prières étaient exaucées immédiatement.  La persistance dans la prière nous permet également de développer une gratitude plus profonde.  La joie de l’exaucement suivant la prière persévérante est amplifiée, tout comme la joie de la naissance d’un bébé est plus grande à cause des neuf mois d’attente.  Finalement, bien que la génération qui mesure le temps en nanosecondes déteste en admettre le besoin, Dieu développe la patience de Christ en nous lorsqu’il exige la persévérance dans la prière.

George Muller a observé :

La grande faute des enfants de Dieu est qu’ils ne continuent pas à prier; ils ne tiennent pas bon dans la prière; ils ne persévèrent pas.  S’ils désirent quoi que ce soit pour la gloire de Dieu ils devraient prier jusqu’à ce qu’ils l’obtiennent.  Oh! combien bon, doux, gracieux et condescendant est Celui à qui nous avons affaire!  Il m’a accordé, malgré mon indignité, bien au-delà de ce que j’avais demandé ou pensé! [25]

Peut-être que ce genre de témoignage est si rare parce que si peu persévèrent dans la prière.  Mais une telle poursuite de Dieu dans la prière en vaut la peine.  Ça vaut toutes les frustrations et les découragements que la prière engendrera.  Ne laissez pas l’Ennemi vous tenter de devenir silencieusement cynique par rapport à la disposition et à la puissance de Dieu pour répondre à la prière.  Laissez un amour pour Dieu vous pousser à prier Celui qui vous aime, même quand ses jugements sont insondables et ses voies incompréhensibles (Romains 11.33).

Arrêtons-nous et faisons le point.  Pourquoi cet appel à nous discipliner à la prière?  C’est « pour ressembler à Christ » [26].  Où il y a de la piété, il y a de la prière.  Dans le langage imagé qu’on lui connaît, Spurgeon a exprimé cette vérité comme ceci : « Comme la lune influence les marées de la mer, la prière (…) influence les marées de la piété. » [27]

Les hommes et les femmes de Dieu sont toujours des hommes et des femmes de prière.  Mon expérience pastorale concorde avec les mots de J.C. Ryle : « Pourquoi certains croyants sont-ils plus rayonnants et plus saints que les autres?  Je crois que la différence, dans dix-neuf cas sur vingt, provient des différences d’habitudes dans la prière personnelle.  Je crois que ceux qui ne sont pas éminemment saints prient peu alors que ceux qui sont éminemment saints prient beaucoup. » [28]

Voulez-vous être comme Christ?  Eh bien faites comme Lui – disciplinez-vous à être une personne de prière.

Traduit de « Spiritual Disciplines for the Christian Life » de Donald S. Whitney, copyright 1991, avec la permission de NavPress – www.navpress.com.  Tous droits réservés.

Translated from « Spiritual Disciplines for the Christian Life » by Donald S. Whitney, copyright 1991.  Used by permission of NavPress – www.navpress.com.  All rights reserved.

Ce texte est la traduction du chapitre 4 de cet excellent livre de Donald Whitney sur les disciplines spirituelles.

Citations biblique : Version Louis Segond (sauf mention contraire).

Traduit par Sylvio Janelle en 2023. 

Partagé dans les ressources françaises de La communauté 6:4 en 2025 avec l’aimable permission de l’auteur.


[1] Tiré de « Infinite Voyage », une émission de la télévision publique diffusée par la station de Chicago WTTW en Janvier 1990.

[2] Note du traducteur : Dans l’introduction du livre, l’auteur définit la discipline spirituelle comme étant de l’exercice spirituel qui nous aide à « être en forme spirituellement », à nous laisser transformer par Dieu et à lui ressembler.

[3] Note du traducteur : « Célébration de la Discipline ».

[4] Carl Lundquist, The Burning Heart newsletter (St. Paul, MN : Evangelical Order of the Burning Heart, November 1984), page 2.

[5] Note du traducteur : La version utilisée par l’auteur (NIV) rend ce passage par « Devote yourselves to prayer. » qui signifie « Consacrez-vous à la prière. »  La nuance dans les mots utilisés explique l’emphase de ce qui suit sur la consécration.

[6] John Blanchard, comp., Gathered Gold (Welwyn, Hertfordshire, England : Evangelical Press, 1984), page 227.

[7] D’après le livre Desiring God :Meditations of a Christian Hedonist de John Piper, copyright 1986, Multnomah Press.Publilé par Multnomah Press, Portland, Oregon, 97266.  Utilisé avec permission, page 147.

[8] Note du traducteur : Ce livre a été traduit en français sous le titre « Voici comment vous devez prier…».

[9] Andrew Murraw, cité dans Christianity Today, 5 Février 1990, page 38.

[10] Note du traducteur : « in this collection of well-driven nails ».  L’auteur utilise les citations qui suivent comme des « clous » qui feront « tenir » ces vérités à notre vie de prière.

[11] Richard Baxter, The Practical Works of Richard Baxter : Select Treatises (Grand Rapids, MI : Baker Book House, 1981), p.103.

[12] John Owen tel que cité dans The Banner of Truth, Août-Septembre 1986, page 58.

[13] Matthew Henry, Commentary on the Whole Bible (Old Tappan, NJ : Revell, n.d.), vol. 3, page 255.

[14] Thomas Manton, The Works of Thomas Manton (réimpression, Worthington, PA : Maranatha Publications, n.d.), pages 272-273.

[15] William Bates, The Whole Works of the Rev. W. Bates, arrangés et révisés par W. Farmer (réimpression, Beaver Falls, PA : Sprinkle, 1990), vol. 3, pages 130.

[16] William Bridge, The Works of the Reverend William Bridge (réimpression, 1845; réimpression, Beaver Falls, PA : Soli Deo Gloria, 1989), vol. 3, pages 132, 154.

[17] Peter Toon, From Mind to Heart : Christian Meditation Today (Grand Rapids, MI : Baker Book House, 1987), page 93.

[18] Note du traducteur : c’est-à-dire au 19e siècle puisque ce livre a été édité en 1991.

[19] Tiré de Spiritual Secrets of George Muller, copyright 1985 par Roger Steer.  Droits américains accordés par Harold Shaw Publishers, Wheaton, IL 60189.  Pages 60-62, emphase ajoutée.

[20] Note du traducteur : Ici, l’auteur cite la NASB, « Do not use meaningless repetition » : « Ne faites pas de répétitions vides de sens ».

[21] Note du traducteur : citée ici d’après la Bible en français courant.

[22] Andrew Murray, With Christ in the School of Prayer (Old Tappan, NJ : Spire Books, 1975), page 33.

[23] C.H. Spurgeon, « Thought-Reading Extraordinary », Metropolitan Tabernacle Pulpit (London : Passmore and Alabaster, 1885; réimpression, Pasadena, TX : Pilgrim Publications, 1973), vol. 30, pages 539-540.

[24] Piper, pages 150-151, avec permission.

[25] Roger Steer, George Muller : Delighted in God! (Wheaton, IL : Harold Shaw, 1975), page 310.

[26] Note du traducteur : voir note 1.

[27] C.H. Spurgeon, « Prayer—The Forerunner of Mercy », dans New Park Street Pulpit (London : Passmore and Alabaster, 1858; réimpression, Pasadena, TX : Pilgrim Publications, 1981), vol. 3, page 251.

[28] J.C. Ryle, A Call to Prayer (Grand Rapids, MI : Baker Book House, 1979), page 35.